peintre et collagiste
Les Fragments d’atelier de Marine Assoumov
Atelier d'artiste
Dans ces Fragments de la vie d’artiste peints par Marine Assoumov, natures mortes et intérieurs d’atelier donnent à voir le quotidien de l’artiste, le peintre et son modèle. Le modèle c'est l'atelier, l’intime proche avec les outils du peintre et l’espace lointain avec les tableaux qui jonchent murs et sol de l’atelier.
L'artiste
Marine Assoumov, jusqu'alors plus attirée par le vivant (les mauvais garçons, le rugby) ou par l’espace (villes, paysages intérieurs), aborde enfin le monde des choses. Elle a peint cette série avec allégresse et gourmandise, retrouvant le plaisir de la re-création dans celui de la création. Ce qui séduit Marine Assoumov dans la peinture et qui l’a amené à aborder ce thème, c’est le côté artisanal, humble et concret de cette occupation si peu sérieuse, si archaïque au temps du virtuel, le souvenir sentimental du vert paradis des couleurs enfantines ...
Natures mortes d'atelier
L'artiste Assoumov peint des intimités d’ateliers. Le format de ces toiles est modeste comme leur sujet. Le spectateur les contemple de près, comme l’outil est proche de la main ... Mais ces dimensions réduites n’empêchent pas l’impression d’espace que nous suggèrent les vues d’atelier.
Hommage est donc rendu à ces objets qui aident l’artiste à créer. Objets sans ostentation, utiles, simples comme leurs matériaux, bois, verre et métal, représentés ici sans mise en scène, de façon minimaliste et dépouillée.
Couleur pure et matière ...
La matière des toiles se confond avec les croûtes de peinture qui s’accrochent sur les pinceaux, les boîtes et l’aluminium des tubes, quand la couleur à l’huile sèche à l’air libre. Couleur pure des tubes qui jaillit sur la toile, si proche de la palette et du couteau.
Marine Assoumov nous rappelle que la peinture est un art tactile et sensuel. La caresse du pinceau, la pâte épaisse et colorée de ces natures vivantes - et qui donnent la vie- illustrent la relation physique du peintre avec ses matériaux et ses outils....
Les intérieurs d'atelier
Par contraste avec les natures d’atelier aux tons sourds, les intérieurs de l'artiste nous montrent un atelier nocturne où éclatent les rectangles colorés des toiles empilées. La toile vierge n’est pas blanche, le chevalet domine l’espace comme un totem et les tableaux dressés contre les murs sont autant de présences vivantes, fantômes ou divinités tutélaires.
L'atelier, territoire du peintre
L’atelier est un merveilleux terrain de jeux pour le peintre, qui n’a jamais quitté les plaisirs enfantins, avec les pinceaux et les couleurs, les ciseaux et les découpages de papier. Dans cet espace intime et personnel, il organise son désordre sans avoir de comptes à rendre, amoncelant papiers, châssis, rouleaux de toile et tableaux.
Ce lieu de création, de travail et de contemplation, repère-refuge au désordre accepté, est tout rempli des fantômes des oeuvres passées et à venir. Endroit clos retiré du monde où se transforment sans relâche toile blanche et matières colorées, antre magique où se déploie la boulimie de création, lieu d’introspection et de recueillement pourtant tourné vers la représentation du monde.
Mais l’atelier est aussi un territoire que le peintre arpente tous les jours. Terrain de jeux, voire de lutte, comme en témoignent certaines toiles. Tubes éventrés après la bataille, tableaux en devenir jonchant sols et murs. Espace de solitude si plein de la présence des toiles et de l’absence du peintre, où s’égare parfois un visiteur ...
L'oeil et la main ...
Seuls vivants : un visage (autoportrait ?) et une vue d’atelier avec un personnage accroupi, l’hôte qui hante ces lieux, représenté ici non comme un démiurge mais comme un frêle spectateur de mystères qui le dépassent. Un personnage, allusion à la représentation habituelle de l'atelier, souvent habité, un visage féminin, celui du peintre.
Mais le mystère reste entier car les 2 véritables outils du peintre, l'oeil et la main, nous sont cachés : "main invisible", oeil réduit à un point, mais fulgurance si présente et si perçante, qu'il en devient insondable et énigmatique...
Ultime pudeur de l'artiste, ou plutôt "clin d'oeil" au spectateur ?